Avec ses paysages dignes d'une carte postale et ses restaurants en bord de rivière, Brantôme-en-Périgord est une invitation à la détente. Cependant, il serait dommage de ne pas explorer de plus près son passé religieux qui a laissé des traces étonnantes. En effet, niché au creux de la falaise, derrière l'église abbatiale du Moyen Âge et les bâtiments conventuels du XVIIIe siècle, se dévoile l'origine de l'abbaye Saint-Pierre de Brantôme. Des cavités naturelles vastes et mystérieuses, où les moines se sont installés dès le VIIIe siècle, cherchant protection contre les intempéries et bénéficiant d'une source réputée miraculeuse. Selon la légende, c'est Charlemagne lui-même qui aurait fondé cette abbaye bénédictine en y transférant les reliques d'un enfant martyr, l'un des Saints Innocents : Saint Sicaire. Ainsi commença l'occupation religieuse de ce site qui perdura pendant près d'un millénaire jusqu'à la Révolution.
Ces "grottes" sont aujourd'hui ouvertes à la visite. La plus impressionnante et énigmatique d'entre elles est appelée "la grotte du Jugement dernier". À l'intérieur de cette cavité naturelle agrandie par l'homme, deux bas-reliefs monumentaux surplombent les visiteurs. Le plus ancien, datant de la fin du XVe siècle, mesure sept à huit mètres de haut. Au sommet trône un Christ inachevé, tandis qu'en dessous, un squelette brandit une faux, représentant symboliquement la mort, typique de la fin du XVIe siècle marquée par les guerres et les épidémies de peste qui ont ravagé l'Europe depuis deux siècles. Aux côtés du squelette, des anges soufflent dans des trompettes et des morts sortent de leurs tombes, encadrant une tête couronnée portant une bourse autour du cou, probablement en dénonciation de la vanité humaine. Toutefois, ces interprétations reposent sur des suppositions, car aucun écrit n'a été retrouvé pour éclaircir le mystère entourant cette sculpture énigmatique.
Sur la paroi latérale de la grotte, un autre bas-relief datant du XVIe ou XVIIe siècle représente une scène de crucifixion classique, témoignant de l'utilisation continue de cet endroit par les moines jusqu'à la fin de leur occupation. Une autre singularité de cette grotte réside dans ses 240 boulins, qui étaient en réalité des nichoirs à pigeons utilisés comme unité de mesure de la propriété foncière à l'époque.
En plus de ces cavités, que le public peut visiter seul grâce aux panneaux explicatifs ou accompagné par un guide, l'église abbatiale vaut le détour. Construite avec des pierres extraites de la falaise, son clocher de style roman limousin érigé au XIe siècle est probablement le plus ancien de France ! Bien que les visites guidées pour grimper jusqu'au sommet du clocher soient temporairement suspendues, elles devra
